[Film] Barrages – L’eau sous haute tension

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Réalisation : Nicolas Ubelmann
Durée : 1h20
Genre : Documentaire

Quand tout sera privé, on sera privé de tout.

Imaginez un monde sans électricité.
Une alternative qui fait rêver beaucoup d’écrivain.es et fait couler beaucoup d’encre, n’est-ce pas ?
Maintenant, imaginez réellement un monde sans électricité, de nos jours. On est d’accord, nous ne sommes pas prêt.es. Aujourd’hui, l’électricité est partout : dans nos maisons, nos rues, nos commerces, nos écoles, nos hôpitaux, nos bureaux et j’en passe. Elle est indispensable à tout un chacun, plus encore dans le monde occidental. À chaque seconde, des milliards d’électrons circulent entre nous. Mais alors que l’électricité est devenue vitale, très peu savent vraiment d’où vient ce courant.

En France, une partie de cette énergie est produite par nos barrages hydroélectriques (environ 10 à 15%), entièrement gérés, jusque-là, par EDF. Mais récemment, la Commission Européenne a mis en demeure la France pour qu’elle ouvre à la concurrence un tiers de ses grands barrages hydrauliques et si la France venait à céder là-dessus ce serait catastrophique.

Pourquoi ? Me direz-vous. C’est tout l’objet de ce documentaire où s’expriment tour à tour des ingénieur.euses, des chercheur.euses, des député.es, des économistes, des scientifiques, des habitant.es ou des syndicats.

Je ne vais pas résumer une heure et demie de documentaire en quelques phrases mais globalement, voilà l’idée : les barrages, c’est la manière la plus simple et la plus rentable de produire et réguler l’électricité en France, de la stocker aussi. Ce sont les barrages qui évitent régulièrement au pays des coupures généralisées. Un manque à gagner ? Ouvrons les vannes. Un trop plein à freiner ? Fermons les vannes. Et c’est tout (bon, ce n’est pas tout, tu t’en doutes bien, mais je schématise un peu). Ainsi, Tout opérateur privé qui mettrait la main sur le réseau serait assis sur un tas d’or. Et pourrait spéculer à loisir sur le prix du kWh. C’est ce qui a d’ailleurs commencé à se produire avec la fusion d’EDF et d’Engie et l’entrée d’Engie en bourse… Mais l’augmentation que nous avons connue jusque-là n’est qu’un grain de sable sous ta chaussette. Là, une privatisation, ce serait un rocher sous ton pied.

Autre point, les barrages EDF stockent 75% des eaux de surface de pays. Soixante-quinze pour cent ! Et cette eau sert à notre petite consommation personnelle, certes, mais aussi (et surtout !) à l’agriculture, au tourisme, au refroidissement des sites industriels, etc. Sachant que dans les années à venir l’eau va se raréfier ; si on privatise tout ça… le tas d’or des opérateurs privés se transformera vite en montagne.

Enfin, ce serait une aberration en termes de sécurité. Oui, les barrages ont un potentiel de dangerosité particulièrement élevé, il suffit de regarder des vidéos de barrages qui cèdent pour convaincre les plus sceptiques. Leur maintenance est donc d’une importance capitale. Pour éviter, par exemple, un enlisement ou des vannes bouchées, les barrages sont reliés entre eux, coordonnant leur entretien pour draguer le surplus de terre qui s’amoncelle chaque année. Maintenant, imaginons que chaque barrage appartienne à une entreprise privé différente. Qui nous dit qu’elles vont se coordonner pour la maintenance ? Surtout, dans notre société capitaliste, la mode et au profit. Rendement, rendement, profit, argent. Qui nous dit que les équipements seront les plus qualitatifs (et pas les moins chers) ? Que les équipes seront toutes maintenues, dans des conditions de travail saines, avec une formation adéquate ?

C’est pour toutes ces raisons (et d’autres mais je ne vais pas tout retranscrire ici), qu’il est indispensable de se rendre compte du danger que représenterait une privatisation de nos barrages. Alors on est d’accord, les barrages sont des désastres environnementaux, même si la faune et la flore s’adapte ensuite – lentement – mais ici il n’est pas question de construire de nouveaux barrages mais bien de garder ceux qui existent déjà.

La France est sur le point de brader notre électricité, nos barrages, de l’offrir au premier privé venu dans l’indifférence totale, dans le silence le plus total alors même que nous sommes absolument dépendant.es de l’énergie produite par ces barrages.

Ce documentaire est tout simplement excellent. Abordable, clair, simple mais pas simpliste, avec des avis diversifiés et approfondis qui nous éclairent sur la situation actuelle et pourquoi, pourquoi il est si important de ne pas privatiser nos barrages. Un film qu’il faut absolument voir et faire voir avant qu’il ne soit trop tard !

En trois mots : Indispensable. Réfléchi. Accessible.

[Roman] Les oiseaux rares

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Auteurs : Hugo Paviot
Éditeur : Le Seuil
Nombre de pages : 220

Toutes les deux, elles savent qu’il n’y a pas de bonne éducation. Que l’important, c’est l’individu. Que le pouvoir ne veut pas s’adresser à des individus. On ne domine que les masses.

Les oiseaux rares ? Ce sont ces vies un peu oubliées, ces personnes laissées pour compte à qui la société ne fait plus confiance, ces gens hors du système classique, hors des normes rassurantes. Ce sont Shiem, pleine de colère qui reprend ses études à vingt-trois ; Achir, résigné, coincé en Algérie qui rêve d’ailleurs ; Émile, charismatique, et son imposant passé. Des pépites noyées sous la boue. Pas forcément des pépites en or, mais en quoi le bronze serait-il moins précieux que l’or ?
Les oiseaux rares ? Ce sont aussi ces hommes et ces femmes (surtout ces femmes dans ce roman) qui se tendent la main, leur tendent la main, s’écoutent, les écoutent, croient en la valeur de l’autre quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, où qu’il aille. Comme Hélène, prof d’un lycée alternatif, inépuisable de bonté et de générosité. Ou Rose, directrice de résidence autonomie où vivent Émile et Shiem.

On pourrait se contenter de dire que c’est un roman d’apprentissage où chaque personnage grandit au côté des autres. Ce qui est tout à fait vrai. Mais ce n’est pas seulement ça. C’est aussi un roman sur les dits et les non-dits, sur la confiance et l’amitié, le mensonge et le pardon. Sur l’espoir, le (poids du) passé, (le poids de) l’héritage. Sur la vieillesse, l’engagement, le déracinement, le décrochage scolaire mais le raccrochage humain.
Vaste programme, n’est-ce pas !

Pour ses élèves, il est parfois plus difficile de recevoir des compliments ou des encouragements que des reproches et des avertissements. La bienveillance peut passer pour du cynisme quand on n’y est pas habitué.

La première chose qui frappe à l’ouverture de ce récit, c’est le style minimaliste de l’auteur. Des phrases courtes, percutantes, pour un style haché qui exprime bien l’urgence de vie des personnages. La seconde, c’est l’absence déroutante de dialogues directs. Point de guillemets ou de tirets cadratins, les dialogues sont sans cesse inclus dans la narration. Un choix qui peut surprendre sur les premiers chapitres mais auquel on se fait très rapidement. La langue est directe, dans un style parlé qui oscille entre courant et familier. Beaucoup d’émotions à fleur de peau, de ressentis. À l’inverse, le roman ne déborde pas de descriptions, le minimum nous est livré et c’est bien suffisant.
Tous ces éléments donnent au récit un côté très visuel, très théâtral. On le voit presque, ce conteur sur scène, qui retranscrit ces tranches de vies.
Tous ces éléments, surtout, rendent les personnages particulièrement justes, réalistes et attachants. Particulièrement vivants. C’est d’ailleurs cet adjectif qui pour moi résume le mieux cette lecture Les oiseaux rares est un récit vivant.

On pourrait reprocher quelques facilités au roman (notamment une histoire d’amour assez convenue) mais ce sont des facilités qui mettent du baume au cœur, qui ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe et qui ne dégoulinent pas de mièvreries. Alors on pardonne, voire même on apprécie que par moment, tout se passe comme prévu.

En bref, Les oiseaux rares est un roman tout simple, certes, mais qui nous fait passer un très beau moment aux côtés de personnages lumineux. Ce serait dommage de passer à côté !

En trois mots : Vivant. Touchant. Visuel.

PS : Je dois avouer que sans la précédente Masse Critique je serais très certainement passée à côté de ce roman. Ce qui aurait été fort dommage ! Même si Les oiseaux rares ne fut pas un  coup de cœur foudroyant, c’est un récit que j’ai pris un immense plaisir à lire.

[BD] Soon

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Auteurs : Thomas Cadène et Benjamin Adam
Éditeur : Dargaud (collection Vision du futur)
Nombre de page : 216

Aujourd’hui encore, pour beaucoup de personnes, science-fiction rime seulement avec espace, vaisseaux spatiaux, gros seins, beau graphisme mais histoire simpliste. Que récit futuriste sous-entend robot, bastons, gros seins, invasion d’aliens et guerre nucléaire sans chercher bien loin. Bien sûr, une grosse partie de la production éditoriale entre toujours dans cette lignée (du moins en BD, je suis bien moins à jour sur la production littéraire même si j’en lire encore) et si les récits peuvent parfois être sympa à lire (des défouloirs jubilatoires qui ne demandent pas trop de réflexions), la plupart du temps, c’est lassant. Les histoires tournent en rond, on connaît la fin avant d’avoir lu le début et rien ne nous surprend…

Heureusement, de plus en plus de pépites émergent, des récits intelligents, profonds, touchants, réfléchis, surprenants… et justement, Soon est de cette catégorie-là. J’avais de grande attente avant de commencer ce récit et je dois avouer que tous mes espoirs ont été comblés !

Alors Soon, c’est quoi ?

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Nous sommes en 2151, quelques jours avant le lancement d’une mission spatiale exceptionnelle dont l’objectif n’est autre que la colonisation d’une nouvelle planète. Un voyage sans retour dont Simone a la chance de faire partie. Quoi que, tout le monde ne voit pas cette mission comme une chance à commencer par son fils, Youri.
Pour leurs derniers jours ensemble, mère et fils entament un road-trip entre les différentes Cités du monde. Ultime réconciliation ou séparation totale ?

Soon est donc un récit futuriste, sur une conquête spatiale à venir. Rien que de très classique me direz-vous. Certes. Mais nous sommes ici avant le lancement où nous suivons les derniers jours sur Terre de celle et ceux qui vont s’embarquer pour ce long voyage sans retour. C’est donc tout autant un roman graphique sur la famille, le destin et nos choix. Un road-trip initiatique, un récit sur l’au revoir, le pardon ou le renouveau. Ajoutez à cela un soupçon d’écologie, une pincée de réflexion sur le futur de l’humanité et vous aurez un petit aperçu de ce qui vous attend à la lecture de cette BD.

Thomas Cadène et Benjamin Adam nous offrent ici un récit dense et diablement bien 2843_P23construit. Tout du long on oscille entre les parties blanches, centrées sur Youri et sa mère, et les parties noires où se dévoile une chronologie fictive des années 2020 à 2151. Les deux parties se répondent et se complètent à merveille ; au fil des pages, les enjeux se dévoilent, l’Histoire se (re)construit. Le graphisme original de Benjamin Adam permet une immersion totale dans l’histoire et participe allégrement à la réussite de ce livre. Tantôt minimaliste, avec une mise en page originale digne d’un jeu de l’oie sur les parties chronologiques. Tantôt épuré pour les parties plus intimes. Un graphisme ambitieux qui détonne avec les illustrations plus classiques dont sont habitués de nombreux.ses lecteur.ices de SF. Ici, l’idée n’est pas d’émerveiller sur des vaisseaux, des architectures ou des paysages mais de rester centré sur l’humain et les relations que nous tissons avec notre environnement (vivant ou non, humain ou non). Un pari qui m’a entièrement convaincue. On se sent comme pris dans une bulle, au plus proche des personnages, tout au long de notre lecture, et pas simple spectateur.

Soon est sans conteste un excellent récit de SF, une BD dense et profonde, portée par un graphisme original, des personnages attachants et des thèmes très forts. À lire et à relire sans modération !

En trois mots : Touchant. Inspirant. Lucide.

 

 

[BD] Révolution Tome 1 – Liberté

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Auteurs : Florent Grouazel et Younn Locard
Éditeur : Actes Sud (l’An 2)
Nombre de pages : 328

Le Peuple attroupé réclame du pain, vous dites : « Donnez-nous des fusils pour immoler le peuple ! »

Je dois avouer qu’avant de commencer cette BD, j’étais plutôt sceptique. Il faut dire que la Révolution française, on croit bien la connaître vu  le nombre de fois qu’elle est évoquée : aux JT, dans des articles, dans des livres, au collège… tout le monde cite la déclaration des droits de l’Homme à tout bout de champs, rappelant que la France est le pays des droits de l’Homme et blablabla et blablabla. Et franchement, une BD pour dire quoi ? On a déjà travaillé cette période : Marat, Robespierre, la Terreur, la prise de la Bastille et la déclaration. Franchement, qu’est-ce qu’il y aurait à dire de plus ?

PlancheS_64397Eh bien tout, justement. Car dès les premières pages de cet ouvrage, on se rend bien compte qu’en réalité, de la Révolution française on ne sait rien. Ou si peu. On nous parle de cette période comme d’une succession de dates, oubliant les hommes et les femmes qui l’ont faite naître. Alors Florent Grouazel et Younn Locard prennent le parti de mélanger Histoire et histoire(s) retraçant cette période à travers une multitude de trajectoires individuelles et inconnues. Ici, nous ne suivons pas Marat ou Lafayette mais Marie, une gamine des rues, Abel, un pamphlétaire breton ou encore la reine Audu, maquerelle en chef des dames poissardes. Les auteurs nous offrent ici une superbe fresque populaire dont le climat social et politique n’est pas sans rappeler celui de notre époque…

Ce fond explosif est servi par un graphisme magnifique, fouillé, foisonnant, rappelant presque des gravures anciennes. Un graphisme dense qu’il faut prendre le temps d’intégrer et de lire tant le niveau de détail est élevé. Une sensation oppressante en ressort parfois, sensation qui retranscrit parfaitement l’ambiance (et le chaos) de l’époque.
Les hommes et les femmes que l’on rencontre au fil de notre lecture sont tous.tes très attachant.es, de par leur authenticité. S’y mélangent personnages réels et fictifs ; aristocrates, ouvrier.es et miséreux.se ; salons chics et rues délabrées ; Assemblée Nationale et hôpital de la Salpêtrière. Un tableau complet de la société de l’époque ! Pas seulement de l’époque, d’ailleurs, plus les pages se tournent et plus on note à quel point cette BD est toujours d’actualité, faisant écho à tous ces soulèvements et ces luttes sociales qui ont lieux à travers le monde…

Liberté n’est que le premier tome d’une trilogie qui s’annonce déjà comme un monument de la bande dessinée. À la lecture de cet ouvrage, c’est bien notre histoire que l’on (ré)apprend et pour cela, je remercie chaudement les auteurs.

Révolution fait partie des albums sélectionnés à Angoulême cette année et il est de très loin mon favori. De part son graphisme foisonnant, détaillé et minutieux, la densité et la justesse de l’histoire, le parallèle discret avec le contexte politique actuel, il est, pour moi, l’album qui mérite le plus le fauve d’or.

En trois mots : Dense. Passionnant. Renseigné.

2019 tire sa révérence – Les meilleurs romans

2019 s’achève. Vive 2019 !

Le dernier top, enfin ! Après les bilans des Bulles lues sur 2019 (pour rappel :  Les meilleures BD de Non-Fiction, les meilleures BD jeunesses, les meilleures séries BD et enfin les meilleures BD one-shot) voilà le bilan des livres non-illustrés lus ! Étant libraire spé BD, je lis évidemment bien plus de Bulles que de roman (ce qui explique qu’il me faut trois billets pour présenter mes coups de cœur BD et un seul pour les romans et la non-fiction…) mais je ne pourrais me passer des romans, j’essaie donc d’en lire chaque année un maximum. Et cette année, je suis très satisfaite puisque j’ai réussi à passer la barre des 50 lus. Pour l’année 2020, je vise la barre des 60 !

PS : Notez que dans tous les top, l’ordre n’a aucune importance.

Qu’est-ce que je retiens de mes autres lectures  ?

♥ La meilleure fiction Jeune Adulte ♥

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Eh oui, il n’y en a qu’une. Pourtant, j’aime beaucoup la littérature ado pour les thèmes développés et le côté souvent plus franc et moins ampoulé que la littérature adulte francophone peut présenter. En moyenne, la littérature ado représente plus d’un quart de mes lectures annuelles. Mais l’année 2019 s’avère finalement plutôt pauvre avec un seul coup de cœur pour Nous les filles de nulle part. Mais par contre, quel coup de cœur ! Un roman féministe très engagé contre la culture du viol, le silence et la difficulté de se battre contre ce système qui met sans cesse en doute la parole des femmes (et des filles). Très beau, très fort, le genre de lecture que tout le monde devrait lire.

Retenons aussi

 

♥ Les meilleures fictions Adulte ♥

Cinq coup de cœur en fiction adulte cette année : trois romans francophones, un roman anglophone et un roman de fantasy.

Premier roman francophone coup de cœur : Le chœur des femmes que je n’avais toujours pas lu. Un roman très engagé, très intéressant qui pousse à la réflexion sur certains sujets féministes (l’avortement en tête) et sur la bienveillance nécessaires dans les relations patient.es/soignant.es. Sans jugement (bien au contraire), sans se vouloir trop moralisateur (mais en se voulant très engagé), c’est un roman choral fort et très pertinent. Je regrette juste les quatre dernières pages, trop faciles et précipitées, mais je ne vais pas condamner un roman de 600 pages d’une grande pertinence pour quatre pages qui me semblent trop simples. À lire donc, si ce n’est toujours pas fait !

Un roman dont j’espérais beaucoup et qui ne m’a pas déçue : La vraie vie. Une écriture incisive, un thème fort, une ambiance glaçante, étouffante, des personnages atypiques, des relations humaines tordues… un roman qui vient gratter là où il faut, bien comme il faut et qui oscille toujours entre malaise et fascination. C’est beau, tout simplement.

Troisième roman francophone coup de cœur, entre roman et poésie contemporaine en prose : À la ligne. L’auteur nous raconte son expérience de l’Usine ; que ce soit une usine de crustacés, de tofu ou un abattoir, partout on retrouve les mêmes conditions, les mêmes chefs tordus, les mêmes rendements intenables… Un texte fort, surprenant, qui arrive à sortir l’essence poétique de là où nous l’attendons le moins. C’est beau, c’est grinçant, c’est engagé. À lire !

Le coup de cœur anglophone de l’année revient à Le voile de Téhéran. Dans ce roman, on suit le destin d’une femme iranienne sur une cinquantaine d’année, ce qui permet dans le même temps de découvrir l’histoire noire (mais pas que) et fascinante de ce pays, loin des clichés, des préjugés et des amalgames habituels. Un destin fort, tragique, frustrant. En commençant ce roman, il faut laisser sa culture de côté pour s’imprégner de celle de ce pays. Accepter que la tradition, l’honneur et le sacrifice n’aient pas le même sens que chez nous. Un roman tout à la fois beau, énervant, fascinant, drôle, triste, nul, génial, fou, normal. Une lecture très forte qui fait passer par mille émotions, de la première à la dernière page.

Enfin, Qui a peur de la mort, un magnifique roman de Fantasy africaine. Un roman dense qui chamboule nos habitudes de lectures ! Comme pour Le voile de Téhéran, c’est un roman qui se base sur d’autres valeurs, d’autres traditions, d’autres normes que nos lignes de conduites occidentalo-européenne. Du coup, une forme de frustration ressort de la lecture puisque forcément, les personnages n’agissent pas comme on en a l’habitude. Nos points de repères volent en éclat et on se laisse porter par l’âpreté de ce monde-ci. Les personnages sont aussi puissants que le récit et le message global. On s’agace, on s’emballe, on s’émerveille, on s’horrifie, on se marre, on s’attendrit, on comprend, on ne comprend plus, on accepte, on réfute, on change d’avis, on adore. Bref, là encore, c’est une lecture grand huit qui nous fait passer par toute une palette d’émotions.

Retenons aussi

 

♥ Le meilleur de la Non-fiction ♥

Cette année, pour la première fois, dans la continuité de mes convictions et de mes engagements, j’ai pris le temps de lire beaucoup d’essais (un quart de mes lectures furent de la non-fiction). Principalement des essais féministes, mais aussi des essais plus écologistes et politiques. Trois m’ont particulièrement marquée, très différents, dans des tons et des styles très larges.

Le premier, est un essai féministe de vulgarisation qui fait suite à Vagin Tonic : Les joies d’En bas. Quand je dis qui fait suite, ce n’est pas par rapport aux autrices mais bien au propos. Là où Vagin Tonic était une BD de vulgarisation sur le sexe féminin, très pertinente, mais plutôt succincte, Les joies d’En bas entre plus en profondeur dans le sujet (et ce, sans mauvais jeu de mot). Les autrices prennent le temps de revenir sur la structure de la vulve et des organes génitaux femelles, sur le genre, sur les règles, les moyens de contraceptions, la grossesse, les maladies d’en bas, etc. Un livre très accessible et très renseigné que je conseille à tout le monde, homme ou femme. Il serait très intéressant maintenant de se voir publier le pendant masculin de cet ouvrage !

Second essai féministe, plus pointu et dense à lire celui-là (malgré ses 150 petites pages) : La révolution féministe. Là pour le coup, l’autrice nous présente les trois premières vagues du féminisme en France (droit de vote, IVG, intersectionnalité) et la quatrième vague, la vague actuelle plus axée sur le harcèlement et les violences faites aux femmes. Elle vient ensuite mettre en corrélation l’évolution du féminisme, des enjeux du féminisme et des révolutions à venir avec le capitalisme, démontrant (avec de nombreuses sources à l’appui) que le patriarcat et le capitalisme sont intrinsèquement liés. Et que l’on ne peut espérer démanteler l’un sans l’autre. Un ouvrage très intéressant, très important et très éclairant mais que je ne conseille pas comme première approche du féminisme (en essai) tant il est dense et renseigné.

Enfin, un ouvrage que j’ai trouvé passionnant, mêlant témoignage, politique, activisme et philosophie de la non-violence : Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes (rien que le titre mérite qu’on lise ce livre !). L’auteur est un des leader du mouvement Otpor, mouvement Serbe qui fut déterminant dans la chute du dictateur Slobodan Milosevic entre 1998 et 2000. Par la suite, les membres de ce parti non-violent ont commencé à donner des conférences et des formations pour présenter leur stratégie à divers mouvements souhaitant renverser pacifiquement le pouvoir. Le récit est très intéressant, très bien découpé, aussi prenant qu’un roman et amène des pistes de réflexions vraiment intéressantes. Tout en gardant un recul très pertinent sur leur stratégie et ses limites. Si j’y parviens, j’en ferai un article plus approfondi. Pour qui souhaite s’informer un peu sur l’activisme non-violent, c’est un ouvrage que je recommande chaudement !

Retenons aussi

2019 tire sa révérence – Les meilleures Bulles One-Shot

2019 s’achève. Vive 2019 !

Avant dernier bilan de l’année, dernier bilan BD ! Après mon bilan des meilleures BD de Non-Fiction des meilleures BD jeunesses et des meilleures séries BD, le bilan des meilleurs One-Shot en BD, Ceux qui ont fait chavirer mon cœur et mon cerveau tout au long de l’année ! Je coupe en deux pour une meilleure lisibilité.

PS : Notez que dans tous les top, l’ordre n’a aucune importance.

Qu’est-ce que je retiens de tous ces one-shot lus  ?

♥ Les meilleurs Partie 1 ♥

On commence la tournée des one-shot avec deux ouvrage que j’aurais raté sans la sélection d’Angoulême de l’année dernière : Calfboy et À travers. La première est une BD humoristique toute simple mais dont l’humour fait mouche à chaque page. La seconde est de ce genre de récit inclassable, à la manière d’Ici de Richard McGuire où l’on suit la vie d’un homme à travers le prisme de plusieurs écrans (fenêtres, télé, miroirs, etc.) Difficile à expliquer mais si vous êtes friands de nouvelles expériences et de BD conceptuelles, jetez-vous sur celle-ci !

Toujours dans les sélections, une BD découverte grâce à la sélection de cette année, une BD de SF très intelligente et qui change beaucoup de ce qu’on lit en SF habituellement, j’ai nommé Des milliards de miroirs. Il semblerait qu’une présence extraterrestre ait été détectée à des dizaines d’années-lumières de chez nous. Que faire de cette information ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment réagir ? Et est-ce vraiment une présence extraterrestre ou les scientifiques pourraient-ils se tromper ? Un scénario intelligent, des personnages authentique, une belle réflexion sur l’humain.

Un comics de superhéros mais qui sort totalement des standards DC-Marvel habituels : Black hand & Iron head, plus qu’un titre de superhéros est un comics sur la famille, les liens familiaux, le mensonge et l’envie de se surpasser pour plaire à ses parents (ici, au père). Tout en se basant dans un monde où les superhéros sont chose commune mais pratiquement obsolète puisqu’il n’y a plus vraiment de crime depuis qu’un homme (aidé de quelques amis à lui), ont rayés le Mal de la planète. Mais à quel prix ? Un one-shot très intéressant et très dynamique. J’espère retrouver les personnages dans d’autres aventures…

Cette année, je voulais lire de l’humour. De l’humour noir. Grinçant. Caustique. Engagé. De l’humour à la Fabcaro mais sans que ce soit du Fabcaro. De l’humour absurde qui se sert de cette absurdité pour mieux dénoncer les travers de notre vraie société. De l’humour qui tape sur les politiques, l’enseignement, les lois, la politique d’immigration. De l’humour qui va gratter là où ça fait mal. J’ai trouvé Faut pas prendre des cons pour des gens. Et c’est drôle. Très drôle. Tout simplement.

Pour rester dans l’humour, mais un humour moins absurde et plus dérangeant, un humour de satire sociale j’ai eu un sacré coup de cœur avec La fin du monde en trinquant. Cette BD est assez surprenant parce que quand j’ai eu finir de lire cette BD, j’étais mal à l’aise. Je n’étais pas sûre de l’avoir appréciée. Pensez-vous, dans ce récit, rien ne s’est déroule comme on le prévoit, comme on l’espère, comme ça devrait se dérouler normalement dans une BD classique avec une morale toute convenue. Et j’étais frustrée. En désaccord total. Mais cette BD reste en tête. Elle nous travaille. Nous interroge. Nous place face à nos contradictions. Face à notre morale classique qui n’est pas forcément au plus proche de la réalité. Ce qui, en fin de compte en fait une BD géniale. Mais il faut accepter d’être pris à contrepieds.  Avec le recul, c’est un vrai coup de cœur. Mais pas le coup de cœur immédiat. Plutôt un coup de cœur qui revient à la charge, qui ne sort pas de notre esprit, un cou de cœur à digérer.

Autre ambiance, autre temps, autre lieu avec Dans un rayon de soleil. Un pavé, un beau, un vrai. Un pavé de SF mais si éloigné de la SF habituelle que j’ai plus envie de parler d’un pavé de poésie (ici, pas de Space-Opéra, pas d’invasions, pas d’extraterrestres, de colonisation, pas d’hommes, pas de révolte, de société malade, de post-apo ou de fin du monde). Un pavé très silencieux où l’on se laisse porter par le flot de l’histoire, on se laisse surprendre, on s’émerveille, on s’attache. Mêlant passé et présent, grands espaces et huis-clos scolaire, rupture et romance. C’est beau, c’est fin, c’est fort. Décidément, Tillie Walden est une jeune autrice pleine de talent *_*

Enfin, une BD engagée sous forme de conte pour terminer cette première partie de coup de cœur, avec Fille et loup. Ou comment s’accepter telle que l’on est, renouer avec le sauvage en nous, apprendre à dire non et à (s’)assumer. Une BD pleine de métaphore, au graphisme nerveux, sauvage qui colle parfaitement à l’ambiance. Un récit qui nous surprend, des personnages attachants de par leurs défauts et leurs faiblesses. Et une fin pleinement satisfaisante. Du tout bon, quoi !

♥ Les meilleurs Partie 2 ♥

Un de mes plus GROS coup de cœur de l’année est pour Soon, ce one-shot SF d’une rare intelligence, au graphisme splendide et au propos profond comme j’aime. Le genre de BD dans la lignée de Shangri-la (mais en bien plus abouti pour moi) qui nous met face à des questions et des contradictions humaines particulièrement importantes ! Dense, profond, intelligent. L’incontournable à lire ! Je suis hyper déçue qu’il ne fasse pas partie de la sélection d’Angoulême…

Un coup de cœur tout simple pour Trap, de Mathieu Burniat. Une BD muette où l’on suit un homme préhistorique qui récupère les capacités des animaux en enfilant leur peau. Un scénario tout simple mais qui nous tient tout du long, un dessin coloré et très expressif, deux personnages très attachants. On mélange, et ça donne cette BD qui se lit vite, certes, s’apprécie vite mais ne s’oublie pas de sitôt.

Pour contrebalancer cet humour facile (mais génial !), une BD plus sombre, passée un peu inaperçue, centrée sur les méandres de l’âme humaine et de l’instinct de survie avec La marche. On revient dans une ambiance Russe et bourgeoise avec une groupe d’une dizaine de personne fuyant la révolution à travers de grandes steppes glaciales et enneigées. Jusqu’ici, tout va (presque) bien. Mais quand l’une des calèche est détruite et qu’il n’en reste qu’une pour dix… comment survivre ? C’est beau mais particulièrement désillusionné. Le graphisme noir et blanc, proche d’un graphisme à la Chabouté rajoute une ambiance pesante qui colle à merveille avec le propos. À ne pas lire un soir de pluie et de déprime…

Encore une BD présente dans la sélection Angoulême de cette année, encore une pépite inattendue ; j’ai nommé : La Traversée. Une traversée à la manière des théâtre de marionnettes de deux hommes qui vont à la guerre combattre l’Ennemi. L’auteur profite de cette excuse pour nous parler de foi, d’aveuglement, d’humanité, d’absurdité de nos politiques et de nos décisions, de l’Autre. C’est loufoque mais profond, surprenant et bourré de référence. Une BD difficilement résumable mais qui se savoure comme un bonbon acidulé !

Plus attendue, la nouvelle BD de Jérémie Moreau. Un auteur dont j’apprécie beaucoup le travail, surtout pour son diptyque Max Winson. Dans sa nouvelle BD, Penss et les plis du monde, il nous embarque aux temps préhistoriques, au côté d’un homme hors de son époque, un penseur contemplatif qui veut comprendre le monde et surtout la Nature. Et si une fois comprise, on pouvait la dompter cette Nature ? La plier à nos envies et nos besoins ? Une BD très intéressante, qui touche beaucoup de thèmes et nous amène à nous interroger à notre propre rapport au monde. Très fin, très intéressant. Une des BD les plus abouties de l’auteur !

Dans la continuité des BD engagées et qui font réfléchir, j’ai eu un très beau coup de cœur avec Les deux vies de Pénélope. Où l’histoire d’une femme qui vit à contrepied de ce que la société moderne attend d’une femme. Elle a un mari et une fille mais en tant que chirurgienne de guerre, passe les trois quart de l’année en Syrie. Loin de sa famille, de sa « fonction » de mère et d’épouse. Une BD qui ne plaira pas à tout le monde (et qui n’a pas plus à tous.tes les client.es à qui je l’ai conseillée) pour le coup de pieds qu’elle met dans la fourmilière des attentes familiales. Mais une BD que j’ai pour le coup beaucoup aimé, qui présente un autre schéma, sans jugement, sans exagération, sans larmoyance. Bref, un récit très juste sur quelques semaines dans la vie d’une famille qui est tout sauf classique. C’est typiquement le style d’histoire et de modèle que j’aimerais plus trouver dans les livres (Bulles ou non). Attention par contre : à lire en laissant ses a priori et ses jugements au placard !

À l’inverse, le coup de cœur angoissant, déchirant, étouffant de l’année va sans hésitation à Speak. Un récit-témoignage d’une grande force sur l’après viol. Ô combien dure à lire mais Ô combien nécessaire dans notre société qui stigmatise encore trop les victimes pour protéger les coupables. J’en ai eu le ventre serré plusieurs jours après ma lecture… Terriblement magnifique, terriblement important (et de devoir écrire qu’un tel récit est encore terriblement important me déchire et me fous en rage…)

Enfin, pour finir sur une note moins plombante, l’une des BD les plus attendues de l’année : Les Indes Fourbes du duo Guarnido (Blacksad) et Ayroles (De cape et de crocs ou Garulfo). Typiquement le genre de BD que je lis avec circonspection, m’attendant à être ultra déçue par rapport à tout ce qui en est dit. Et le début, longuet, semblait me donner raison. Mais ce début si long à se mettre en place et justement long pour mieux servir le reste de l’intrigue. En fin de compte, c’est une BD plus que surprenante qui nous amène de révélations en révélations, de mensonges en mensonges, de filouteries en filouteries jusqu’à l’apothéose du dénouement final. Une vraie réussite, un vrai plaisir de lecture.

Retenons aussi

2019 tire sa révérence – Les meilleures Bulles en séries

2019 s’achève. Vive 2019 !

Après mon bilan des meilleures BD de Non-Fiction et des meilleures BD jeunesses, je livre ici mes coups de cœur de l’année des séries BD, comics et mangas.

PS : Notez que dans tous les top, l’ordre n’a aucune importance.

Qu’est-ce que je retiens des séries BD lues cette année ?

♥ Les meilleurs Tome 1 ♥

Une belle moisson de séries cette année, des albums prometteurs dont je suivrai la suite avec attention. De la SF, de l’historique, du super-héros, du réaliste, du thriller… tout y passe !

L’un de mes PLUS GROS coup de cœur de l’année n’est autre que Le château des animaux tant pour son graphisme à tomber que pour l’histoire et la portée philosophique qu’elle a. Le genre de récit qui résonne particulièrement avec mes engagements tous récents ! Je ne pense pas – de part son format trop classique – qu’il remporte le prix Angoulême (mais si le jury me fait mentir, aucun problème !) mais je lui souhaite au moins le prix du public ou le prix révélation. Il le mérite amplement.
Mon second TRÉS GROS coup de cœur est pour Révolution. Moi qui ne suis pas forcément le meilleur public pour l’historique, là j’ai été plus que conquise. Déjà, le graphisme est sublime, dense, très fouillé. Ensuite, les auteurs décident de parler de la Révolution française (période que l’on pense maîtriser du peu qu’on en a vu à l’école…) non pas du point de vue des puissants mais du point de vue du peuple. Enfin ! Et sans tomber dans des personnages clichés ! On lit cette BD comme une enquête-reportage, suivant au plus près chacun des personnages. Le tout fait diablement écho aux révolutions actuelles qui ont cours un peu partout. De part sa qualité graphique, esthétique et scénaristique, c’est l’album de la sélection d’Angoulême qui me paraît le plus mériter le fauve d’or.

Du polar, de l’enquête avec le très bel objet qu’est Dans la tête de Sherlock Holmes. Un graphisme nerveux qui colle à merveille au personnage, une lecture originale qui ne suit pas les codes stricts de la BD pour le plus grand plaisir des lecteur.ices ! L’enquête est classique, certes, mais tout le génie de cette BD tient dans le choix de nous laisser entrer dans le palais mental de Sherlock Holmes pour comprendre comment il lie chaque indice, les trie, les met de côté. Un peu à la manière de la série britannique Sherlock. Du très, très bon, hâte d’avoir la conclusion dans le second tome !
Un inattendu dans toutes ces BD : Erika et les princes en détresse. Soyons honnêtes (et c’est mon expérience de libraire qui parle ici, sans le moindre mépris ou la moindre condescendance), les ouvrages auto-édités sont très largement mauvais (ce qui ne veut pas dire que tous les ouvrages édités à travers le prisme d’une maison d’édition sont bons, loin s’en faut, mais au moins ont-ils bénéficié d’un travail de relecture). Aussi, je ne partais pas des plus convaincue en commençant cet album. Eh bien BIM !, bien fait pour mes préjugés car cette BD est une pépite d’humour et de féminisme. Les codes de la société sont changés, ici ce sont les princesse qui délivrent les princes en détresse. Dans ce premier tome, le conte de Blanche-neige (Blanc en neige) est totalement détourné pour donner la part belle aux femmes. C’est drôle, c’est fin, c’est libérateur. À quand le 2 ?
Dans la catégorie des excellentes BD noires, sombres à souhait, je demande Le vagabond des étoiles, adaptation du roman éponyme de Jack London (que je n’ai hélas pas lu mais je compte bien combler cette lacune dans l’année). Un thriller fantastique où un prisonnier parvient, sous certaines conditions, à remonter dans ses vies antérieures. Simple mais terriblement efficace !
Pas de coup de cœur SF ? Beaucoup sur des one-shot, si. Beaucoup moins sur les séries. Heureusement, Univers ! est là pour rééquilibrer la balance ! Un recueil de nouvelles déjantées qui pousse à son paroxysme certains concepts futuristes (voyage dans le temps, robotiques, etc.). C’est d’une grande intelligence !
Un comics coup de cœur avec Luminary, comics de superhéros français ! Avec Brunschwig au scénario, ça avait quatre chance sur cinq d’être génialissime. Et vous savez quoi ? Ça l’est ! Manipulation génétique, supers-pouvoirs, ségrégation, psychologie, handicap… tout y passe ; sublimé par le dessin de Stéphane Perger qui a un véritable DON pour dessiner le feu et la lumière ! Vivement la suite car ce tome 1, on le sent, n’est qu’une mise en bouche.

Enfin, de très belles découvertes en manga cette année. Moi qui n’en suis pas forcément friande et qui n’ait pas été biberonnée aux animés, j’ai eu de belles surprises ! Avec Beastars tout d’abord, tant pour le graphisme qui change radicalement de ce que l’on trouve d’habitude, que pour la finesse de l’histoire et l’authenticité des personnages. Un manga qui mélange tranche de vie et enquête, lycée et mixité sociale, psychologie sombre et innocence. Le tout savamment dosé pour une lecture addictive.
Deuxième bonne surprise : Les liens du sang. Une série génialement malaisante dont les japonais ont le secret. On trouve rarement ce genre d’ambiance lente, contemplative et borderline en BD. L’histoire d’une mère et de l’emprise qu’elle a sur son gamin, le tout dans un graphisme très épuré, très silencieux. Malaise, malaise, quand tu nous tiens. Excellent ! J’ai hâte de voir où l’auteur nous mène et comment cela va finir !
Autre belle découverte, Le bateau de Thésée. Si le scénario peut faire penser à Erased au premier abord, le traitement est bien plus fin ici, je trouve. Le personnage principal plus intéressant et l’enjeu de base moins classique. À voir maintenant si le traitement tient la route et si l’auteur ne se perd pas dans cette histoire mêlant drame familial, voyage dans le temps et enquête.
Ambiance bien polar toujours mais autre traitement : My home hero. L’histoire débute très fort avec ce monsieur-tout-le-monde qui tue le gosse d’un Yakuza et qui va tout faire pour cacher ce meurtre et protéger sa famille. Un récit sombre et tendu à souhait. Particulièrement bien documenté aussi (il y a un côté Breaking Bad qui me plait beaucoup…), si vous voulez apprendre à vous débarrasser d’un corps, c’est le manga qu’il vous faut… On pourrait malgré tout craindre un essoufflement si la série est trop longue mais je continuerai à la suivre sur 2020 !

Retenons aussi

 

♥ Les meilleures suites ♥

 

Ah, les suites, ces tomes 2 (ou 3, 4, 5…) si attendus qui risquent bien souvent de nous tomber des mains parce que ce n’est pas ce que l’on avait imaginé, que l’on ne voulait pas que l’action tourne ainsi. Quand même, comment l’auteur.ice a pu tuer ce personnage ! Et pourquoi une ellipse de dix ans ? C’est pas crédible tout ça. Faire une série est un sacré pari. Et faire une bonne série, un sacré challenge ! Quelles séries ont donc passer le test cet année ?
La suite que j’attendais le plus était sans doute le tome 2 de Un monde en pièce. Le premier avait été l’un de mes GROS coup de cœur de l’année précédente et je trépignais fébrilement en attendant la suite. Et laissez-moi vous dire qu’elle est à la hauteur, si ce n’est plus ! L’univers s’approfondit, le scénario se complexifie, les personnages prennent de l’ampleur. Et la fin, tout aussi explosive que celle du 1 nous donne envie de nous jeter sur la suite. Une série qui reste parmi mes préférées de ces dernières années !
La suite que j’attendais mais sans plus et qui m’a convaincue que si, la série est ex-cel-lente, c’est bien Stand Still Stay Silent tome 2. Le premier m’avait intriguée et assez intéressée pour lire la suite mais je l’avais trouvé un peu lent à se mettre en place. Le second est un gros coup de cœur et m’aura accroché de la première à la dernière page. Une série douce et profonde qui monte en puissance, vivement le 3 *_*
La suite la plus glauque que je trépignais de lire ? RIP tome 2, bien sûr ! Le premier était bien sale comme il faut, le second l’est moins mais la lecture est toute aussi bonne ! Ici, l’ambiance est plus mafieuse, le personnage de Maurice est plus attachant que celui de Derrick. On commence à prendre conscience du lien qui relie tous ces personnages disparates, sans pour autant avoir tous les éléments en mains. Du coup, que dire d’autre à part : vivement la suite ?
La suite qu’on attendais depuis deux ans et pour laquelle il faudra attendre encore deux ans pour le tome 3 ? La horde du contrevent tome 2, bien sûr. Le roman est sans doute un des meilleurs roman que j’ai pu lire, j’en attends donc beaucoup de son adaptation. Pour l’instant, je suis totalement convaincue des choix de Eric Henninot et c’est un délie de se replonger dans cet univers, de le voir prendre forme et corps sous nos yeux. Plus qu’à attendre deux ans pour la suite, s’il continue sur ce rythme 😦
Et l’oscar de la série découverte dans l’année que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt est pour Homicide : une année dans les rues de Baltimore. Un docu-fiction intelligent est hyper intéressant sur la Brigade criminelle de Baltimore. Certes, nous sommes dans les années 1988 mais je ne pense pas qu’il y ait eu de grand changement depuis (à part pour les ressources technologiques). C’est passionnant de déconstruire et reconstruire l’image de la police, en la présentant sous un jour honnête et nos plus de manière fantasmée Hollywoodienne. Une lecture dense mais excellente dont ce quatrième tome (pas mal accès sur les médecin légiste) est pour moi le plus aboutit.

2019 tire sa révérence – Les meilleurs Bulles jeunesse

2019 s’achève. Vive 2019 !

Après mon bilan des meilleures BD de Non-Fiction, je livre ici mes meilleures lectures BD (et manga) jeunesse. Notez que dans tous les top, l’ordre n’a aucune importance.

Qu’est-ce que je retiens de cette année de lecture BD jeunesse ?

♥ Les meilleurs ♥

Beaucoup de sorties jeunesse cette année mais pas beaucoup de coup de cœur, proportionnellement. J’espère que 2020 sera une année plus intéressante parce que j’ai l’impression que ça fait deux ans que la jeunesse stagne un peu en terme de qualité… Heureusement j’ai quand même eu quelques coups de cœur qui valent largement le détour (et plutôt deux fois qu’une !).
Une suite tout d’abord avec le troisième tome d’Aubépine, qui confirme la qualité et la pertinence de la saga. Un troisième tome avec toujours autant d’humour, d’aventure, de personnages attachants et un scénario totalement loufoque mais génial !
Une BD très attendue ensuite et qui ne m’a pas déçue : Lulu & Nelson d’Aurélie Neyret (et Charlotte Girard, et Jean-Marie Omont). Et la qualité de l’album est à la hauteur de l’attente. Déjà, c’est un plaisir de retrouver le graphisme d’Aurélie Neyret. Ensuite, la série s’annonce très profonde et traite (pour le moment avec justesse) de la notion de liberté. Un album pertinent et très fin qui amènera les enfants à réfléchir sur pleins de questions très importantes. Un album un peu sombre aussi (il faut dire que Lulu subit deux pertes majeures dans les premières pages de l’album) mais savamment dosé pour ne pas tomber dans le plombant (en même temps heureusement, c’est quand même un album jeunesse) et cette ambiance plus sombre et plus adulte ne fait que renforcer l’empathie que l’on éprouve pour cette gamine.
Une merveille ensuite (sans mauvais jeu de mot) avec Les Vermeilles. Un petit bijou de beauté pour les yeux, de douceur et en même temps, un fond très engagé avec cette histoire à la Alice au pays des merveilles où l’on suit une gamine qui va aider une bande d’animaux à renverser un chat dictateur. C’est beau, c’est profond, ça fait rêver, ça fait réfléchir. Que demander de plus ?
Deux albums dont je n’attendais rien m’ont vraiment surprise et captivée. Le fils de l’ursari tout d’abord, pour lequel je n’ai pas eu l’occasion de lire le roman éponyme (je ne peut donc pas comparer) qui m’a beaucoup touchée. Bien sûr, c’est pour la jeunesse alors certains passages sont édulcorés ou traités rapidement, mais c’est une belle manière de parler de l’immigration et des pressions, du trafic ou des violences que peuvent subir ces personnes. Autre ambiance, autre décors avec Toni, passé plutôt inaperçu (et c’est bien dommage). J’ai beaucoup apprécié cet ouvrage qui revient sur la valeur des biens. Très pertinent dans notre société de surconsommation ! On suit un gamin qui rêve d’avoir les supers chaussures de foot de son joueur préféré mais sa maman refuse de les lui prendre. Il se met alors en tête de se les acheter lui-même. C’est frais, drôle et très intelligent !
Et enfin, un petit manga dans cette sélection :  Magus of the Library. Je n’ai lu que deux tomes pour l’instant mais ils furent suffisants pour me convaincre de la beauté de cette série, tant graphiquement que pour l’histoire. Un récit à rapprocher de l’Atelier des sorciers où les livres sont d’une grande puissance, maniés avec précautions par les bibliothécaires. Une petite merveille de douceur et d’aventure. J’espère que la suite restera à la hauteur !

Retenons aussi

2019 tire sa révérence – Les meilleures Bulles Non-fiction

2019 s’achève. Vive 2019 !

L’année écoulée fut pour moi riche, passionnante et très positive. Une année sous le signe de l’impulsion et du renouveau. Sans rentrer dans les détails qui n’intéressent sans doute personne, ce fut une année de recherches, d’approfondissement de mes convictions, de remise en question et d’implications. J’ai terriblement hâte de continuer tout cela sur 2020. Mais forcément, ce fut une année de quasi absence sur ce blog. J’ai beaucoup réfléchi à ce que je voulais (et ne voulais pas), me demandant l’utilité d’un blog si c’est pour ne pas poster. Mais le truc, c’est que je veux pouvoir échanger et présenter mes coups de cœur ici ; mettre des articles pas forcément en lien avec mes lectures sur des sujets qui me passionnent. Alors il va falloir que je trouve du temps et une manière de mettre cela en place (une manière sans doute moins conventionnelle que ce que je faisais jusqu’alors, mais qui me correspondrait plus). On va dire que c’est mon objectif principal pour ce blog sur 2020 !

En attendant, je souhaitais quand même faire un retour sur toutes mes lectures de l’année, pour ressortir le meilleur de tout ce qui m’est passé sous les yeux. Comme il y a eu beaucoup de belles choses cette année (et qu’en tant que libraire mon travail consiste à lire beaucoup), j’ai pas mal de BD, de mangas et de comics à vous présenter. Quelques romans et non-fiction aussi mais moins nombreux. Ils attendront leur tout. En attendant, je coupe tout ça en plusieurs billets thématiques pour présenter un maximum de mes coups de cœur !

Qu’est-ce que je retiens de cette année de lecture BD non fiction ?

BD reportages – documentaires – vulgarisation scientifiques

♥ Les meilleures ♥

Des très belles et bonnes surprises, dans des styles et des thèmes très différents.
Très attentive aux ouvrages féministes, je ne pouvais passer à côté de Sea, sexisme & sun paru cette année, une excellente BD qui vulgarise et explique le sexisme ordinaire. Dans la même veine, la dernière BD d’Emma, Des Princes pas si charmants reste aussi pertinente que ses précédentes. Même si je conseille de commencer plutôt par les deux volets d’Un autre regard. Je n’avais pas lu l’ouvrage Féministes ! paru en 2018, c’est désormais chose faite et c’est un excellent recueil qui laisse la parole à seize autrice sur seize sujets féministes différents ! Beaucoup plus dense mais qui pousse à la réflexion, nous avons La rose la plus rouge s’épanouit. Un ouvrage particulièrement renseigné qui remet en question le Couple et l’Amour tels qu’ils sont définis dans notre société. Du pur essai en BD, passionnant mais pas forcément le plus accessible. Enfin, Putain de vies ! est un reportage-témoignage autour des travailleur.euses du sexe particulièrement intéressant qui ne porte aucun jugement sur les témoignages de toutes ces personnes.
L’écologie est un autre thème qui me tient à cœur et je n’hésite pas à lire au maximum ce qui se fait (et hélas, il n’y a pas encore beaucoup d’ouvrages et parmi ceux qui sortent, tous ne sont pas pertinents, à mes yeux). L’un de mes favoris de l’année ? Le court manifeste d’Emma (oui, encore elle), Un autre regard sur le climat, est tout bonnement excellent. Il va à l’essentiel, est particulièrement bien construit et bien renseigné (comme toujours avec elle, notez). Autres choses ? Deux reportages qui me sont tombés des mains. Algues vertes – l’histoire interdite tout d’abord. Un reportage glaçant sur ce fait que tout le monde connait mais contre lequel personne (parmi les politiques tout du moins) ne fait rien. Édifiant ! Texaco ensuite m’a tout autant glacée. Il s’agit du plus gros scandale pétrolier qui court depuis 1972 mais dont personne n’a jamais entendu parler. En même temps, c’est en Équateur, qu’est-ce qu’on en a à faire de l’Équateur ? Horrible. Terrible. Frustrant. À vomir. Une BD qui énerve mais dont la lecture est, à mes yeux, indispensable.
Plus sociales (et politique ?) mais tout autant engagés, trois reportages passionnants : La recomposition des mondes d’Alessandro Pignocchi tout d’abord. Un récit qui revient sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes pendant les expulsions d’avril 2018. Une plongée passionnante qui permet de mieux appréhender cette société parallèle dont on entend régulièrement parler sans forcément se rendre compte de quoi il s’agit, comment elle s’est construite et pourquoi (ou pour quoi (ou plutôt contre quoi)). Le second, Mentawaï  ! n’est pas le plus accessible mais s’avère tout aussi fascinant. Il revient sur ce peuple d’une des îles indonésienne, menacé par le gouvernement de voir sa culture disparaître  ; et sauvé par le tourisme (plus ou moins). En arrière fond, on trouve une critique des documentaires filmés vraiment intéressante. Très fin ! Enfin, Une saison à l’ONU,  tiendrait plus du témoignage que du documentaire s’il n’apportait pas autant de réponses sur les dessous de cet organisme mondial que tout le monde connaît sans pourtant rien savoir de son rôle et de son fonctionnement. Plus classique dans la narration, certes, mais ça n’enlève rien à la pertinence du propos !
Et l’intrus dans toutes ces BD écolo-socio-politico engagées : une BD de vulgarisation scientifique absolument convaincante, simple d’accès et hyper claire : Quantix qui nous (ré)explique en 200 pages la physique quantique. J’en suis ressortie bouche bée (et avec une impression d’intelligence exacerbée).

Retenons aussi

 

BD témoignages – biographiques

♥ Les meilleures ♥

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve les biographies bien plus lisibles, accessibles et intéressantes en BD ! Cette année, sur toutes mes lectures, j’en retiens surtout deux : Annie Sullivan & Helen Keller tout d’abord. Tant pour l’histoire que le graphisme qui l’accompagne à merveille. On revient sur la vie de cette jeune fille née sourde et aveugle qui, à l’aide de sa préceptrice Annie Sullivan, va  réussir à appréhender le monde et à s’y intégrer. Une histoire inspirante et très délicate. Moins douce, plus engagée, on trouve la BD Noire – La vie méconnue de Claudette Colvin . Un récit très pertinent, sur cette jeune fille méconnue (et on comprend pourquoi au fil de la lecture (la raison est révoltante !)) qui refusa de s’asseoir à l’arrière des bus ; au même titre que Rosa Parks (mais alors, pourquoi l’Histoire n’a retenue qu’elle ?).
Enfin, pour terminer ce tour des meilleures BD non-fictions viennent quatre témoignages qui m’ont particulièrement touchée. Le premier, celui de John Rachid, Comme on peut, retrace sa jeunesse dans des foyers de l’enfance et auprès de familles d’accueil. Mes parents baignant dans ce milieu, je souhaitais à tout prix découvrir cette BD du point de vue des accueillis et je ne le regrette pas le moins du monde. C’est honnête, très juste, drôle, touchant et plein de recul. Bienvenue en Chine ensuite  retrace le parcours de l’auteur pour monter sa boîte en Chine et s’y installer. Très instructif ! Plus classique mais ça n’enlève rien au plaisir de lecture. Moins drôle mais tout aussi important, le témoignage de Sophie Lambda sur sa liaison toxique avec un pervers narcissique dans Tant pis pour l’amour. Un récit très fort qui reprend chacune des étapes de sa liaison et comment elle a réussi (avec beaucoup de difficultés) à s’en sortir. Très fort. Enfin, le second tome de L’Odyssée d’Hakim m’a autant convaincue que le premier (si ce n’est plus) sur le parcours de ce jeune syrien de son pays jusqu’à la France. Une sorte d’arabe du futur mais en plus pertinent (à mes yeux).

Retenons aussi :

[BD] Algues vertes – L’histoire interdite

9782413010364-475x500-1
Auteurs :
Inès Léraud et Pierre Van Hove

Éditeur : La Revue dessinée/Delcourt
Nombre de pages : 160

Nous sommes en juillet 2009, le cadre est idyllique : la Bretagne, la mer, les embruns… mais la réalité l’est beaucoup moins. C’est ce que découvre Pierre Philippe, médecin à Lannion, lorsqu’il rencontre un vétérinaire dont le cheval est mort d’asphyxie sur une plage proche. En cause ? Les algues vertes, véritable fléau écologique, qui, lors de leur décomposition, dégagent de l’hydrogène sulfuré, mortel à forte dose. En quelques années, ce ne sont pas moins de trois personnes et d’une quarantaine d’animaux qui en ont fait les frais.
Et pourtant… pourtant, dix ans après les algues vertes persistent. Rien – ou si peu… – n’est mis en place pour endiguer ce phénomène si ce n’est les récolter de temps en temps et fermer des plages entières aux habitants et aux touristes.
Mais pourquoi ?
Pourquoi rien n’est réellement mis en place face à l’ampleur de la situation ? Pourquoi toute cette affaire traine et ne fait pas la une des journaux ?

9782413010364_pgPar ce reportage, Pierre Van Hove et Inès Léraud tentent de répondre à cette question. Des débuts de l’agriculture intensive en Bretagne aux repas entre politiciens et lobbys de nos jours, rien n’échappe à leurs investigations, dignes des meilleures séries policières. Et leur travail n’aura pas été de tout repos : entre silence des élu.es, puissance des lobbies, falsifications des preuves ou conflits d’intérêt, ils se seront heurtés à bien des problèmes tout au long de cette enquête ! Preuve, s’il n’en fallait qu’une, qu’aujourd’hui encore, les algues vertes sont un sujet extrêmement sensible qui touche et divise toute la population bretonne.
Pour les plus sceptiques, les auteurs n’ont pas hésité à fournir en annexe tous les documents récoltés durant cette recherche approfondie.

Un reportage pointu, terriblement intéressant ! Les auteurs auraient pu faire une BD dénonciatrice sans aller plus loin mais ils reviennent sur l’évolution du métier d’éleveur et d’agriculteur au fil des années pour expliquer comment on en arrive là ; et plus que les professionnels, ce sont surtout les politiques et le lobbys qui sont pointés du doigt. En lisant cette BD, attendez-vous à aller de (mauvaise) surprise en (mauvaise) surprise…

« Documenter l’histoire des algues vertes, c’est raconter l’histoire de l’agriculture en Bretagne. »

En trois mots : Documenté. Glaçant. Édifiant