2019 s’achève. Vive 2019 !
Avant dernier bilan de l’année, dernier bilan BD ! Après mon bilan des meilleures BD de Non-Fiction des meilleures BD jeunesses et des meilleures séries BD, le bilan des meilleurs One-Shot en BD, Ceux qui ont fait chavirer mon cœur et mon cerveau tout au long de l’année ! Je coupe en deux pour une meilleure lisibilité.
PS : Notez que dans tous les top, l’ordre n’a aucune importance.
Qu’est-ce que je retiens de tous ces one-shot lus ?
♥ Les meilleurs Partie 1 ♥
On commence la tournée des one-shot avec deux ouvrage que j’aurais raté sans la sélection d’Angoulême de l’année dernière : Calfboy et À travers. La première est une BD humoristique toute simple mais dont l’humour fait mouche à chaque page. La seconde est de ce genre de récit inclassable, à la manière d’Ici de Richard McGuire où l’on suit la vie d’un homme à travers le prisme de plusieurs écrans (fenêtres, télé, miroirs, etc.) Difficile à expliquer mais si vous êtes friands de nouvelles expériences et de BD conceptuelles, jetez-vous sur celle-ci !
Toujours dans les sélections, une BD découverte grâce à la sélection de cette année, une BD de SF très intelligente et qui change beaucoup de ce qu’on lit en SF habituellement, j’ai nommé Des milliards de miroirs. Il semblerait qu’une présence extraterrestre ait été détectée à des dizaines d’années-lumières de chez nous. Que faire de cette information ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment réagir ? Et est-ce vraiment une présence extraterrestre ou les scientifiques pourraient-ils se tromper ? Un scénario intelligent, des personnages authentique, une belle réflexion sur l’humain.
Un comics de superhéros mais qui sort totalement des standards DC-Marvel habituels : Black hand & Iron head, plus qu’un titre de superhéros est un comics sur la famille, les liens familiaux, le mensonge et l’envie de se surpasser pour plaire à ses parents (ici, au père). Tout en se basant dans un monde où les superhéros sont chose commune mais pratiquement obsolète puisqu’il n’y a plus vraiment de crime depuis qu’un homme (aidé de quelques amis à lui), ont rayés le Mal de la planète. Mais à quel prix ? Un one-shot très intéressant et très dynamique. J’espère retrouver les personnages dans d’autres aventures…
Cette année, je voulais lire de l’humour. De l’humour noir. Grinçant. Caustique. Engagé. De l’humour à la Fabcaro mais sans que ce soit du Fabcaro. De l’humour absurde qui se sert de cette absurdité pour mieux dénoncer les travers de notre vraie société. De l’humour qui tape sur les politiques, l’enseignement, les lois, la politique d’immigration. De l’humour qui va gratter là où ça fait mal. J’ai trouvé Faut pas prendre des cons pour des gens. Et c’est drôle. Très drôle. Tout simplement.
Pour rester dans l’humour, mais un humour moins absurde et plus dérangeant, un humour de satire sociale j’ai eu un sacré coup de cœur avec La fin du monde en trinquant. Cette BD est assez surprenant parce que quand j’ai eu finir de lire cette BD, j’étais mal à l’aise. Je n’étais pas sûre de l’avoir appréciée. Pensez-vous, dans ce récit, rien ne s’est déroule comme on le prévoit, comme on l’espère, comme ça devrait se dérouler normalement dans une BD classique avec une morale toute convenue. Et j’étais frustrée. En désaccord total. Mais cette BD reste en tête. Elle nous travaille. Nous interroge. Nous place face à nos contradictions. Face à notre morale classique qui n’est pas forcément au plus proche de la réalité. Ce qui, en fin de compte en fait une BD géniale. Mais il faut accepter d’être pris à contrepieds. Avec le recul, c’est un vrai coup de cœur. Mais pas le coup de cœur immédiat. Plutôt un coup de cœur qui revient à la charge, qui ne sort pas de notre esprit, un cou de cœur à digérer.
Autre ambiance, autre temps, autre lieu avec Dans un rayon de soleil. Un pavé, un beau, un vrai. Un pavé de SF mais si éloigné de la SF habituelle que j’ai plus envie de parler d’un pavé de poésie (ici, pas de Space-Opéra, pas d’invasions, pas d’extraterrestres, de colonisation, pas d’hommes, pas de révolte, de société malade, de post-apo ou de fin du monde). Un pavé très silencieux où l’on se laisse porter par le flot de l’histoire, on se laisse surprendre, on s’émerveille, on s’attache. Mêlant passé et présent, grands espaces et huis-clos scolaire, rupture et romance. C’est beau, c’est fin, c’est fort. Décidément, Tillie Walden est une jeune autrice pleine de talent *_*
Enfin, une BD engagée sous forme de conte pour terminer cette première partie de coup de cœur, avec Fille et loup. Ou comment s’accepter telle que l’on est, renouer avec le sauvage en nous, apprendre à dire non et à (s’)assumer. Une BD pleine de métaphore, au graphisme nerveux, sauvage qui colle parfaitement à l’ambiance. Un récit qui nous surprend, des personnages attachants de par leurs défauts et leurs faiblesses. Et une fin pleinement satisfaisante. Du tout bon, quoi !
♥ Les meilleurs Partie 2 ♥
Un de mes plus GROS coup de cœur de l’année est pour Soon, ce one-shot SF d’une rare intelligence, au graphisme splendide et au propos profond comme j’aime. Le genre de BD dans la lignée de Shangri-la (mais en bien plus abouti pour moi) qui nous met face à des questions et des contradictions humaines particulièrement importantes ! Dense, profond, intelligent. L’incontournable à lire ! Je suis hyper déçue qu’il ne fasse pas partie de la sélection d’Angoulême…
Un coup de cœur tout simple pour Trap, de Mathieu Burniat. Une BD muette où l’on suit un homme préhistorique qui récupère les capacités des animaux en enfilant leur peau. Un scénario tout simple mais qui nous tient tout du long, un dessin coloré et très expressif, deux personnages très attachants. On mélange, et ça donne cette BD qui se lit vite, certes, s’apprécie vite mais ne s’oublie pas de sitôt.
Pour contrebalancer cet humour facile (mais génial !), une BD plus sombre, passée un peu inaperçue, centrée sur les méandres de l’âme humaine et de l’instinct de survie avec La marche. On revient dans une ambiance Russe et bourgeoise avec une groupe d’une dizaine de personne fuyant la révolution à travers de grandes steppes glaciales et enneigées. Jusqu’ici, tout va (presque) bien. Mais quand l’une des calèche est détruite et qu’il n’en reste qu’une pour dix… comment survivre ? C’est beau mais particulièrement désillusionné. Le graphisme noir et blanc, proche d’un graphisme à la Chabouté rajoute une ambiance pesante qui colle à merveille avec le propos. À ne pas lire un soir de pluie et de déprime…
Encore une BD présente dans la sélection Angoulême de cette année, encore une pépite inattendue ; j’ai nommé : La Traversée. Une traversée à la manière des théâtre de marionnettes de deux hommes qui vont à la guerre combattre l’Ennemi. L’auteur profite de cette excuse pour nous parler de foi, d’aveuglement, d’humanité, d’absurdité de nos politiques et de nos décisions, de l’Autre. C’est loufoque mais profond, surprenant et bourré de référence. Une BD difficilement résumable mais qui se savoure comme un bonbon acidulé !
Plus attendue, la nouvelle BD de Jérémie Moreau. Un auteur dont j’apprécie beaucoup le travail, surtout pour son diptyque Max Winson. Dans sa nouvelle BD, Penss et les plis du monde, il nous embarque aux temps préhistoriques, au côté d’un homme hors de son époque, un penseur contemplatif qui veut comprendre le monde et surtout la Nature. Et si une fois comprise, on pouvait la dompter cette Nature ? La plier à nos envies et nos besoins ? Une BD très intéressante, qui touche beaucoup de thèmes et nous amène à nous interroger à notre propre rapport au monde. Très fin, très intéressant. Une des BD les plus abouties de l’auteur !
Dans la continuité des BD engagées et qui font réfléchir, j’ai eu un très beau coup de cœur avec Les deux vies de Pénélope. Où l’histoire d’une femme qui vit à contrepied de ce que la société moderne attend d’une femme. Elle a un mari et une fille mais en tant que chirurgienne de guerre, passe les trois quart de l’année en Syrie. Loin de sa famille, de sa « fonction » de mère et d’épouse. Une BD qui ne plaira pas à tout le monde (et qui n’a pas plus à tous.tes les client.es à qui je l’ai conseillée) pour le coup de pieds qu’elle met dans la fourmilière des attentes familiales. Mais une BD que j’ai pour le coup beaucoup aimé, qui présente un autre schéma, sans jugement, sans exagération, sans larmoyance. Bref, un récit très juste sur quelques semaines dans la vie d’une famille qui est tout sauf classique. C’est typiquement le style d’histoire et de modèle que j’aimerais plus trouver dans les livres (Bulles ou non). Attention par contre : à lire en laissant ses a priori et ses jugements au placard !
À l’inverse, le coup de cœur angoissant, déchirant, étouffant de l’année va sans hésitation à Speak. Un récit-témoignage d’une grande force sur l’après viol. Ô combien dure à lire mais Ô combien nécessaire dans notre société qui stigmatise encore trop les victimes pour protéger les coupables. J’en ai eu le ventre serré plusieurs jours après ma lecture… Terriblement magnifique, terriblement important (et de devoir écrire qu’un tel récit est encore terriblement important me déchire et me fous en rage…)
Enfin, pour finir sur une note moins plombante, l’une des BD les plus attendues de l’année : Les Indes Fourbes du duo Guarnido (Blacksad) et Ayroles (De cape et de crocs ou Garulfo). Typiquement le genre de BD que je lis avec circonspection, m’attendant à être ultra déçue par rapport à tout ce qui en est dit. Et le début, longuet, semblait me donner raison. Mais ce début si long à se mettre en place et justement long pour mieux servir le reste de l’intrigue. En fin de compte, c’est une BD plus que surprenante qui nous amène de révélations en révélations, de mensonges en mensonges, de filouteries en filouteries jusqu’à l’apothéose du dénouement final. Une vraie réussite, un vrai plaisir de lecture.
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